mercredi 8 septembre 2021

Otillö Swimrun World Championship

Tout a commencé en juillet 2016: un premier swimrun (le destin, mais encore une fois merci @Morgane - l'histoire est ici) qui me fait tomber amoureuse de ce sport. D'autres suivent, à chaque fois, des belles courses avec des binômes exceptionnels. 

Jusqu’à ce mail en mars dernier: Otillö nous annonce notre qualification pour le Swimrun World Championship qui se tient le premier lundi de septembre, là où tout a commencé. En bref: départ de l'ile de Sandhamn, cap au sud pour arriver, après 65 km de trail et 10 km de natation en eau libre et la visite de 24 iles, à Utö Värdshus, en binôme, toujours ensemble.

Sans doute il leur faut des binômes féminins et si possible non suédois… Je donne à Aline un week-end pour réfléchir mais je c sais déjà qu’elle va dire oui ! Pauline et Julien sont déjà qualifiés au ranking (eux, ils sont forts !). Nous sommes endurantes, mais des nageuses très moyennes (même plutôt lentes dans ce contexte) : nous avons quelques doutes sur notre place à cette course (et moi je n’ai pas forcement un bon souvenir de mon dernier - et seul - world championship), mais difficile de refuser un tel défi.

On s’entraîne comme on peut vu le contexte, mais on n’ aura pas l’ occasion de nager ensemble : on compte sur notre syntonie naturelle !
On rassemble le plus d’ informations possibles sur le parcours grâce à Xavier et Marco (finishers en 2019) et au briefing très détaillé de Nicolas Remires (on pensera beaucoup à lui pendant la course !). Nous arrivons même à prononcer le nom de quelques unes des 24 iles que nous allons traverser. Alberto a préparé un tableau des temps de passage avec trois modes de calcul différents (!) : les chiffres donnent entre 11h45 et 12h, mais ce n’est que de la théorie...

Les binômes français - deuxième nation après la Suède

L’aventure commence le dimanche à 14h lorsque les coureurs sont emmenés à Djurönäset (en face de la première ile de Sandhamn): le briefing toujours très "lyrique" avec des images à couper le souffle (Mike 😍), le “dernier” repas, le check du matos…on sent que tout le monde est dans sa bulle: les quelques binômes qui luttent pour la victoire et tous les autres avec leur propre objectif, tout aussi ambitieux. 
Quelle chance de vivre les premières années d'un sport encore confidentiel, on est loin du "bruit" d'Ironman.

Lundi matin nous embarquons à 4h30 dans le ferry pour Sandhamn en sachant que nous ne pouvons plus reculer.
Aline et moi savons que la première partie est la plus difficile pour nous: beaucoup de longues natations, un terrain inconnu où parfois il est impossible de courir (rochers glissants) et donc un 'cut off' (temps limite de passage) à 11h15 délicat.
On n’a pas trop le temps de réfléchir : tout s’ enchaine vite et nous nous retrouvons à l’eau pour la première (et plus longue) natation, au levée de soleil…comme souvent, les peurs et le stress s’en vont pour faire place à la concentration et à la gestion de la course. Finalement cette première partie tant redoutée se passe plutôt bien : nous avons de l’avance sur nos temps de passage théoriques et donc sur le cut off. On peut (un peu) profiter des endroits magnifiques que nous traversons dans la lumière du matin : à défaut d'avoir des photos, ces images resteront à toujours gravées dans nos mémoires.
Les iles, les natations, les forets, les rochers s’enchaînent très vite et nous nous retrouvons à 'Pig swim', la redoutable portion de natation de 1400m bien exposée aux vents et aux courants. On part avec un binôme que nous connaissons : Laurent a déjà fait la course 4 fois, on va profiter de sa trajectoire (à défaut de pouvoir prendre ses pieds car trop rapide pour nous) , on peut lui faire confiance ! 
Inutile de se battre contre la nature qui est beaucoup plus forte, comme pour la neige sur la SaintéLyon, la chaleur à Kona et le vent à Embrun, je me répète dans ma tète ma phrase fétiche "Les vagues sont mes amies, il faut s'amuser avec....". 
Il faut dire que cette année la nature a été sympa avec nous : ça secoue un peu, mais rien de comparable aux conditions de 2017.....néanmoins ça fait du bien quand ça s’ arrête ! A la sortie de l’eau, une bénévole nous donne un Twix (le meilleur de ma vie), surprise de l'orga. Je ne mangerai plus un Twix sans penser à ce moment.
Vient ensuite la plus longue partie de course à pied : 18km dans Ornö. La légende veut que lorsque Mat et Mike ont conçu le parcours pour la première édition en 2006, les Original 4 (ceux du fameux pari arrosé) ont proposé cette longue course à pied dans Ornö pour que les coureurs soient ensuite contents de quitter cette ile (et de plus jamais y retourner) et d’arriver sur Utö, leur île d’origine. Rivalité entre voisins !
Aline gère comme une guerrière la douleur à l’aine pendant toute cette portion : nous remontons beaucoup de binômes qui marchent : c’est dur pour tout le monde…
Je confirme que nos sommes soulagées quand on arrive à la mise à l’eau : jamais j’aurais cru d’être aussi contente de me (re)jeter dans une eau à 14 C !

Encore quelques natations et quelques cailloux, un peu d’escalade et d’équilibrisme (ils nous ont laissé le meilleur pour la fin), nous voici arrivées à Utö! Un petit footing où l'on profite pour se faire les plus belles possibles pour la photo d’arrivée et nous apercevons le port que nous connaissons bien. L’arrivée est en haut de la petite montée, devant le Utö Värdshus (l’hôtel du fameux pari).
Pas de mots pour décrire cet instant, je vous laisse regarder la vidéo (minute 58).

For the record : 11h52 - 20e (sur 25) binômes féminins (nous avons battu des suédoises 😊) - 119e (sur 163) au scratch. Nous sommes très fières et très émues !

 

La soirée se poursuit avec des accolades, quelques bières et un festival de nourriture...
Le lendemain, l’organisation nous ramène en ferry jusqu’à Stockholm: au départ Mike et Matt nous disent aurevoir depuis le quai, sous un tonnerre d’ applaudissements. Pendant 3h, nous nous promenons entre les îles, une sorte de sas de décompression : nous en avons besoin avant de revenir à la vraie vie….

Et pour finir notre séjour, flâner par les rues de Stockholm, une ville très paisible et agréable, en guise de "recup active".

Aujourd’hui mon corps porte les dignes de cette journée dingue : quelques égratignures, des courbatures partout (en swimrun, on ne fait pas de jaloux : tous les muscles, du bas ET du haut du corps sont servis): cela va bientôt disparaître…Mais dans ma tête cette journée y restera à jamais.

Beaucoup de mercis....

Tout d’abord à mes compagnons d’aventure :
à Aline pour m’avoir fait confiance (depuis Utö 2019!), d’être une partenaire patiente, fidèle et fiable. Je te dois une journée d'alpinisme et beaucoup plus.... 

A Julien pour son calme et son soutien.
A Pauline qui est une redoutable sportive et vraie championne (même si elle ne le sait pas !) pour son sourire et ses encouragements.
Et un grand bravo à vous deux, vous êtes formidables !

Grâce au sport, des liens d’Amitié (avec un grand A) se tissent : j’en suis reconnaissante.

Merci à tous ceux qui m’ont aidé à préparer cette folle journée : Marco et Xavier, Alberto (2’ d’écart sur 12h par rapport à ses estimations 😱)
Merci à tous ceux qui ont (télé)travaillé avec une fenêtre ouverte sur le live et qui nous ont envoyé des messages pendant toute la journée : nous avons senti vos ondes positives.
Merci à toutes les personnes rencontrées avant, pendant et après la course, en particulier aux Vieux Neptuniens avec qui nous avons bien rigolé.
Merci à Matt, Mike et tout le team Otillö pour faire tout ce qu'il faut pour garder la magie de ce sport et nous permettre de nous dépasser.

Et comme toujours, merci à Stef d’être toujours là, simplement.

Pour en savoir plus :